Avec plus de trois millions de manifestants dans quelque 300 cortèges en France, les travailleurs ont une nouvelle fois et encore plus massivement montré ce 7 mars leur opposition au projet de réforme des retraites qui porte notamment une mesure de recul, de deux ans, de l’âge légal de départ en retraite et l’accélération du calendrier Touraine. Les grèves ont, elles, montré toute leur force, touchant tous les secteurs, publics et privé.
Forte de cette détermination, l’intersyndicale qui « encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement » appelle à se saisir du 8 mars, soutient l’action des jeunes le 9 mars, appelle à une nouvelle mobilisation le samedi 11 mars et programme d’ores et déjà une nouvelle journée interprofessionnelle de grève et manifestations le 15 mars, jour de la commission mixte paritaire (composée de députés et sénateurs).
La mobilisation continue, avec toujours le même objectif : le retrait d’une réforme, rejetée par 94% des actifs et les ¾ de la population.
Quel bilan tirer de cette première journée d’actions de la deuxième phase de la mobilisation et alors que dans beaucoup d’entreprises et de services ont lieu des assemblées générales de salariés pour décider de la suite du mouvement ? L’opération 7 mars a le goût de la victoire. La mobilisation des travailleurs est phénoménale.
L’exécutif aurait été bien inspiré d’entendre le message délivré par les travailleurs dès le 10 janvier, date de présentation de son projet de réforme des retraites. Cette réforme ils n’en veulent pas, ils en demandent le retrait et ils l’ont dit massivement depuis le 19 janvier à travers cinq journées de grèves interprofessionnelles et des manifestations à l’appel de l’intersyndicale (huit organisations de salariés et cinq de jeunesse). Mais face à l’entêtement de l’exécutif à maintenir son projet, actuellement débattu au Sénat, l’intersyndicale -à laquelle participe FO- a dû durcir le ton de la contestation, appelant à mettre la France à l’arrêt le 7 mars.
Au lendemain de cette journée d’actions, la question pourrait être celle-ci : y avait-il en France aujourd’hui un secteur professionnel non concerné par la grève ou encore non représenté dans les manifs ? Réponse : Non. Avec plus de trois millions de manifestants sur le territoire dont 700 00 à Paris, et une fois encore des petites et moyennes villes dont les cortèges ont fait le plein, le 7 mars a signé son ampleur. Transports urbains et ferroviaires quasi à l’arrêt, routiers barrant des axes, piquets de grève nombreux devant les entreprises, ronds-points bloquées, raffineries à l’arrêt, personnels soignants en manifs, administrations désertées de leurs agents, écoles fermées, … La détermination des travailleurs demeure, plus que forte et dans nombre de secteurs, la poursuite du mouvement, notamment le 8 mars, date de la journée internationale des droits des femmes, avait déjà été actée en amont.
Nouveaux temps forts au calendrier : les 8, 9, 11 et mi-mars
Réunie le 7 au soir au siège de FO, l’intersyndicale, qui « soutient et encourage tous les secteurs professionnels à poursuivre et amplifier le mouvement » appelle à se saisir du 8 mars « pour pointer la détérioration particulière de la situation des femmes avec ce projet de réforme ». Elle « soutient l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobiliser jeudi 9 mars et appelle à rejoindre les rassemblements et manifestations, notamment à Paris, place de la République ». Elle annonce une nouvelle mobilisation le samedi 11 mars et appelle déjà aussi « à une journée de manifestations et de grève, le 15 mars, jour de la commission mixte paritaire, moment important du calendrier parlementaire ». Cette commission a pour but de chercher à établir un texte commun du projet de loi entre le Sénat et l’Assemblée (qui n’a pas étudié tout le texte en première lecture ni donc ne l’a voté) en cas de désaccord.
« Le gouvernement ne nous a pas vus, pas entendus, donc on passe à la vitesse supérieure. La France à l’arrêt, c’est la grève. C’est le moyen pacifique et constitutionnel des organisations syndicales » rappelait le secrétaire général de FO ce 7 mars en début d’après-midi dans le cortège parisien. Déjà les remontées d’informations sur la mobilisation faisaient état d’ « une affluence dans les manifs supérieure de 20% à celle du 31 janvier » notait Frédéric Souillot. Cela s’est confirmé au fil de la journée avec des villes de province, notamment les petites et les moyennes, affichant des records de participants. 8 000 manifestants à Périgueux, 16 000 à Foix, 2500 à Chaumont, 5000 à Pontivy, 20 000 à Châteauroux, 4000 à Mende, 6000 à Auch, 7000 à Digne, 23 000 à Bayonne…
L’intersyndicale va demander à être reçue en urgence par le président de la République
Non seulement la détermination à s’opposer au projet gouvernemental ne faiblit pas mais elle se fait de plus en plus forte dans ces petites et villes moyennes. Et le phénomène est le même dans les grandes villes où le nombre de manifestants se comptait ce 7 mars par dizaines de milliers. 40 000 à Rennes, 53 000 à Grenoble, 50 000 à Clermont-Ferrand, 75 000 à Nantes,… 700 000 à Paris. La surdité du gouvernement ne passe pas, et plus largement le silence de l’exécutif. « Nous n’avons aucune nouvelle » relevait Frédéric Souillot tandis que l’intersyndicale écrivait le soir dans sa déclaration : « Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive ». L’intersyndicale annonce qu’elle va adresser un courrier à Emmanuel Macron « lui demandant à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme ».
Le 7 mars dans l’après-midi, le Sénat (qui examine le texte du projet de réforme jusqu’au 12 mars) avait lui déjà à son actif le vote de l’index sénior, qu’il a ainsi remis en selle. Les sénateurs ont aussi adopté une mesure créant un « CDI sénior »… « Il y a suffisamment d’articles dans le code du travail ! » réagissait le secrétaire général, rappelant surtout la nécessité non pas d’une réforme des retraites, qui plus est « injuste et brutale », mais la nécessité de remettre la question de l’emploi au cœur de la problématique des retraites, en commençant notamment par appliquer une « conditionnalité des aides publiques aux entreprises à la préservation des emplois. Ceux des séniors notamment ».
Ensemble, le 11 et le 15 mars, continuons la mobilisation pour se faire entendre !
> Signons la pétition intersyndicale nationale pour soutenir la mobilisation